Le manteau : lecture bouffonne et musique improvisée

Gogol, écrivain russe

«Nous sommes tous sortis du "Manteau"de Gogol.» 

La fameuse phrase de Tourgueniev reprise par Dostoïevski

et encore, au siècle suivant et à sa manière, par Vladimir Nabokov, dit mieux que tout l'importance du texte-phare des Nouvelles de Pétersbourg pour les écrivains russes eux-mêmes.

 

 

 


 

 

La vie de Gogol

 

Nicolas Vassiliévitch Gogol -Yanovski est né le 19 mars 1809 à Sorotchintsy, dans la
province de Poltava, d’une famille issue de la noblesse cosaque ukrainienne.

Son père, petit gentilhomme campagnard, compose en amateur des pièces de théâtre en ukrainien.

 

En 1820, le jeune Gogol entre dans une école secondaire de province où il fera ses études jusqu’en 1828. C’est là qu’il se met à écrire. De caractère sombre et secret, il possède en outre une timidité maladive ainsi qu’une ambition sans borne. Il a déjà, à cette époque, un étonnant talent de mime (qui fera de lui plus tard un lecteur incomparable de ses propres œuvres).

 

En 1828, Gogol arrive à St Petersbourg rempli d’espoirs peu définis, mais ambitieux.

Il rêve de gloire littéraire, et publie à ses frais un poème. Le poème est tourné en dérision dans plusieurs revues littéraires. Gogol décide de racheter tous les exemplaires et les détruit.  Déçu dans ses rêves de gloire, Gogol entre alors dans l’administration.

Il y restera trois ans.

 

 En 1831 on le présente au grand écrivain Pouchkine, qui l’encourage à écrire.

Gogol prend alors confiance en lui.  Les quatre années qui s’écoulent entre 1832 et 1836 sont passées au contact étroit du célèbre écrivain. A Moscou, Gogol est désormais adulé et son talent reconnu spécialement par les slavophiles.

 

En 1836, la pièce de théâtre Le Révizor (dont le sujet lui a été fourni par Pouchkine), applaudie par les libéraux, attaquée par les réactionnaires, connaît un succès de scandale à Saint-Pétersbourg. Une remarque attribuée au tsar Nicolas 1er calmera les esprits :

« Tout le monde en a pris pour son grade, moi en premier ».

Gogol se sent incompris. Il est tout autant irrité par ceux qui le soutiennent que par ceux qui le critiquent : tous détournent sa pensée profonde, pensant que Le Revizor est une satire politique, alors qu'il a voulu une farce dénonçant la mesquinerie provinciale.

En plein désarroi, il fuit la Russie.

 

De 1836 à 1842, soit pendant plus de douze ans, Gogol vit à l’étranger (à Rome en
particulier) et ne se rend en Russie que pour de brefs séjours.

Très affecté par la mort de Pouchkine, en 1837 : « Je n’entreprenais rien sans son conseil … J’ai le devoir de mener à bien le grand ouvrage qu’il m’a fait jurer d’écrire, dont la pensée est son œuvre », écrira-t-il à des amis.

Ce grand projet, c’est la rédaction des Ames mortes.

 

Parallèlement à ce « Grand Œuvre », Gogol reprend et réécrit à plusieurs reprises ses textes précédents et rédige, en 1840, la première version du Manteau.

 

A partir de 1841, alors qu’il est à l’apogée du succès, commence, dans le même

temps, un lent et silencieux martyre volontaire. Gogol connaît une exaltation créatrice qui lui donne foi en sa « mission », alternant périodes de découragement et périodes d’euphorie. Il choisit de renoncer à la vie dans des conditions drastiques : jeûnes, prières, offices religieux de jour et de nuit.

 

Après avoir essuyé les critiques d’un prêtre sur une partie des Ames mortes qu’il avait réécrite,

il jette son travail au feu.

Il meurt en février 1852

 



02/09/2010