Le manteau : lecture bouffonne et musique improvisée

Singularité du manteau

 


Le manteau, à dire et à entendre...


Gogol lisait ses textes avec un talent de comédien remarquable.

Il a truffé son texte d’adresses au lecteur, de ruptures de ton omniprésentes, ainsi que d’un entassement de détails qui confinent au diabolique.


Les traducteurs de Gogol ont d’ailleurs témoigné à plusieurs reprises de la difficulté qu’il y avait à traduire le style de Gogol en raison de sa technique très particulière qui alterne sans cesse différentes tonalités, passant du poétique au burlesque, du pathétique au satirique, etc

 

   Gogol burlesque...


Dans ‘le manteau’, le génie de Gogol consiste à rendre burlesque un texte très dramatique.

 

 

Un précurseur du surréalisme...

 

Le plaisir que l’on éprouve devant le texte du Manteau de Gogol – et ce qui fait sa modernité - réside précisément dans ce mélange détonnant entre le ton burlesque, (ce qui n’a pas toujours été apprécié par ses contemporains), et la portée fort sérieuse des thèmes philosophiques ou sociaux qui y sont abordés.

Cette gaieté enlevée, oscillant sans cesse entre la question du sens et du non-sens, très en avance sur son temps, ne sera pleinement développée qu’un siècle plus tard avec les surréalistes et le théâtre de l’absurde.

 

 

 

 

 

Le manteau contient une satire sociale mais n'en est pas une...


Akaki Akakiévitch, lui aussi, appartient à la catégorie des exclus. Il fait partie de ces gens qui, en raison de difficultés d’adaptation souvent d’ordre psychologique, ne parviennent pas à trouver leur place dans les rouages bien huilés d’une société bourgeoise. Car seuls ceux qui savent jouer le rôle exigé par les conventions sociales parviennent à tirer leur épingle du jeu.

 

Fantastique et... métaphysique...

 

Mais, chose encore plus étonnante, c’est une fois mort qu’Akaki va enfin pouvoir montrer

aux autres qu’il existe. 

L’apparition du fantastique dans ce récit

participe de ce mélange des genres et des tonalités que nous évoquions plus haut,

visant à l’esthétique de la construction du récit.

Mais cette atmosphère fantastique qui clôt le récit lui apporte également

une portée beaucoup plus profonde.

Et ce « mort-vivant » prenant enfin sa revanche sur les autres à partir d’un au-delà vengeur, pose sans le résoudre le délicat problème du sens de l’existence.

Qu’est-ce que vivre et qu’est-ce que mourir ?

Nous sentons très bien ces interrogations en germe dans Le Manteau,

même si elles sont traitées en apparence avec bouffonnerie et légèreté.

 

 

Une atmosphère onirique n’est pas sans rappeler celle des tableaux de Chagall…


 

 

 Pour la première fois on met en scène un héros aussi misérable:

issue "des petites gens".

Désormais les écrivains russes ne s’intéresseront qu’à eux :

la littérature russe cherchera comment les rendre plus heureux

soit par le progrès social, soit par la spiritualité.

Il y a toujours dans l’âme russe une sorte de sympathie et d’élan envers

les petits, les pauvres et les paumés.

Toujours!

C’est spécifiquement slave et russe.



03/09/2010